Martine Gwaniwa était laïque consacrée au Foyer de Charité de Ngaoundéré, au Nord-Cameroun. Ce Foyer a accueilli des enfants abandonnés et orphelins dès 1958, sous l’impulsion de son fondateur, le Père Alexis Atangana, aujourd’hui retraité.
De 3 enfants en 1958, l’effectif est monté à près de 80 en 2002, allant de bébés à quelques étudiants universitaires. Établi en terre musulmane, le Foyer a recueilli de nombreux enfants issus de relations hors mariage et qui ne peuvent être gardés par la famille sous peine de rejet par la société musulmane, alors que les relations extra-conjugales sont souvent tolérées. Régulièrement, des enfants se retrouvent ainsi abandonnés en pleine rue ou sur un tas d’ordure. 400 enfants ont officiellement été déclarés abandonnés dans cette ville de 160’000 habitants, selon les Affaires Sociales, mais ce nombre est clairement en rapide augmentation.
C’est pour venir en aide à ces enfants que Martine Gwaniwa est devenue laïque consacrée au Foyer de Charité de Ngaoundéré. Il s’agit en effet d’un des rares orphelinats du Nord-Cameroun.
Pourtant, la situation s’est considérablement aggravée avec le départ en retraite du Père Atangana, fondateur du Foyer. Les autorités ecclésiastiques ne voient pas d’un bon œil cet orphelinat abritant des enfants jugés « mal élevés ». Ce n’est pourtant pas ce que nous avons pu constater sur place. Toutefois, sous la pression de l’évêque de Ngaoundéré, l’orphelinat a été fermé en automne 2002. Les enfants ont été, temporairement, placés dans d’autres Foyers ou des familles d’accueil à travers tout le pays. Les trois sœurs demeurant au Foyer ne peuvent désormais plus accueillir d’enfants.
Dans ces conditions qui ne correspondent plus à son appel, Martine démissionne des Foyers de Charité, en août 2003, et se lance dans un projet de maison d’accueil pour enfants abandonnés et orphelins, dans la ville de Maroua à l’extrème-nord du Cameroun. Elle quitte définitivement le Foyer de Charité de Ngaoundéré en janvier 2004.
Pour ce projet, elle disposait déjà d’un terrain d’un peu plus d’un hectare, donné par sa famille, et s’est associé avec un prêtre catholique, le Père Danilo Fenaroli, qui s’occupe d’un centre pour enfants handicapés à 30 km au sud de Maroua, et avec Thierry Falk, un français connu au Foyer de Charité à Ngaoundéré, et qui travaille avec le Père Danilo.
Ensemble, ils ont pu construire quelques bâtiments comportant au départ 7 chambres, 2 pour les encadreurs et 5 pour les enfants, chaque chambre pouvant accueillir 4 enfants.
La maison d’accueil « Daniel Brottier » est ouverte depuis septembre 2003 et accueille à ses débuts 3 enfants qui s’appellent Sawalda, Didier et Léa.